3. Le Malpas
La Malpas, le mauvais passage, – en wallon, le « Maupas » – est déjà cité en 1514. On se doute bien qu’il s’agit d’un endroit où le passage était délicat.
Les marchands, venant de Fosses et allant vers Namur, partant du Pays de Liège (Fosses) et allant vers Namur devaient traverser Floreffe (Namur), puis Malonne (Liège), avant de retrouver le comté de Namur, aux Balances (le nom dit bien ce qu’on y faisait !).
Pour économiser un péage, au lieu de continuer vers Floreffe en venant de Fosses, à Sart-Saint-Laurent, ils coupaient au court vers Buzet [1] et de là se dirigeaient vers Malonne où une barrière les attendait au croisement du Chemin des Deux Pays, à Babin (du nom peut-être du douanier). De là, on traversait Malonne par le Grand Babin, le Ranimé, la place du Malpas, Bauw, Dierlaire, le Gros buisson, le Cabaca et la Vecquée (ce sont les noms actuels). Aux « Cinq chemins », on entrait dans Namur. La taxe se payait en « moutons », une monnaie de l’époque, d’où le nom de ce trajet, la « Rouale Mouton ».
Rouale nous indique bien que nous étions loin d’une autoroute, ni même d’une vraie route. Le point délicat se situait au débouché du Ranimé ; là, le chemin traversait le Landoir, deux mètres en contrebas, et il n’y avait pas de pont comme aujourd’hui. On passait à gué. D’où, le « Maupas ».
Ce nom fut donné à la place que traversait ensuite la rouale Mouton. Jadis, cette place, qui était plutôt un espace dégagé, s’appelait le « Bâti Chapelle ».
Le « bâti », c’est un endroit où l’on réunissait le bétail (bovidés, moutons, chèvres) qu’un berger allait mener paître dans les prés et les bois communaux. Les barbelés n’existaient pas, ni les clôtures. On confiait donc ses quelques bêtes à un berger – le herdier – qui s’en occupait pendant la journée.
Donc, cette future place était un bâti. Pourquoi Chapelle ? Maurice Awoust pense qu’il y avait là une chapelle, mais rien n’est moins sûr. Peut-être un calvaire dont le dernier vestige serait la pierre armoriée insérée au-dessus de la porte d’entrée de la ferme du Stoquis (voir photo). Plus vraisemblablement, Chapelle parce que plusieurs familles portant ce nom habitaient dans le coin. Peut-être aussi qu’un des herdiers à une époque portait ce nom. [2]
Quand on n’a plus eu besoin de bergers, le bâti est devenu une place, La place du Malpas. Comme à la place du Fond, on y avait la kermesse une fois par an. Et dans les années 1950, s’y tenait un marché fruitier réputé où l’on écoulait notamment la fameuse fraise de Wépion [3].
Texte P. Ducarme.
[1] Le chemin existe toujours.
[2] Pour plus de précisions, voir un article à paraître dans un prochain bulletin du CHAM.
[3] Les communes qui avaient le droit à l’appellation « Fraise de Wépion » étaient à l’époque, Wépion, Bois-de-Villers, Malonne et Lustin.
Résumé :
La Malpas (en wallon « Maupas » : mauvais passage) désignait l’endroit où la « rouale Mouton », le chemin conduisant de Buzet à l’entrée de Namur par la Vecquée (aux « Cinq Chemins »), devait traverser le Landoir à gué, à deux mètres en contrebas. C’était donc un passage difficile.
Le nom de Malpas sera donné à la place qui lui était proche et qu’on appelait jadis le « Bâti Chapelle ». Bâti est le nom qu’on donnait à l’endroit où un berger (le « herdier ») réunissait le bétail qu’on lui confiait pour aller le faire paître dans les prés ou les bois communaux. « Chapelle », sans doute par ce qu’il y avait pas mal de familles de ce nom dans le coin, ou qu’un de ces herdiers s’appelait ainsi.