Itinéraire B : sur les traces des bunkers malonnois
En pratique :
– balade de 10,4 km avec 190 m de dénivelé
– télécharger le tracé au format gpx
– le plan en pdf
– la carte interactive (sur laquelle vous pourrez vous localiser)
– le dossier complet en pdf
– page dans Malonne première
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Lors de l’offensive allemande d’août 1914, l’armée belge dut constater que son dispositif de défense, basé sur trois Positions Fortifiées (Liège, Namur et Anvers) possédait bien des lacunes. Chacune de ces trois villes était entourée d’une série de forts, neuf pour Namur, construits entre 1888 et 1891. Mais face à la puissance des canons de l’envahisseur, ils ne résistèrent que quelques jours : béton insuffisant, manque d’aération, mauvaises communications, … Celui de Malonne se rendit même sans combattre.
Les vestiges que nous trouvons encore aujourd’hui en divers lieux du village, plus ou moins bien conservés, datent de cette campagne de modernisation de ce dispositif militaire, qui se poursuivit jusqu’à mai 1940. Concrètement, que construisit-on dans ces années 1930 et pourquoi ?
2. En 1914 toujours, les forts furent rapidement isolés les uns des autres, parce que les communications téléphoniques, par lignes aériennes, furent vite coupées. Solution : placer des câbles enterrés, avec des centraux bétonnés situés en retrait des forts et donc moins vulnérables. Un de ces édicules est toujours visible, dans le bois de la Vecquée également, près du coupe-feu marquant la limite avec Namur.
4. Enfin, on se souvint d’une autre des causes de l’échec de 1914 : le manque de visibilité. Face aux tirs ennemis, les artilleurs des forts belges devaient riposter à l’aveugle, car du fond de leur poste, ils ne voyaient rien. Pour y remédier, on transforma certains bunkers bien situés en observatoires. C’est le cas de plusieurs de ceux placés autour du fort malonnois.
Malheureusement, la suite de l’histoire se passa autrement que prévu par les stratèges belges. Face à l’offensive allemande du 10 mai 1940, le dispositif, même ainsi modernisé, fut peu utile. Les forts de Namur ne purent empêcher l’envahisseur de passer au sud, franchissant la Meuse à Dinant et Anhée, ni au nord, via Gembloux. La vaillance des soldats fut remarquable, mais cela ne suffit pas.
Pour l’itinéraire précis, se référer à la carte.
Le circuit part du parking à l’entrée du bois de la Vecquée, côté Namur. Deux premiers kilomètres essentiellement boisés nous permettent, via Cabaca, de rejoindre le chemin de Wépion. Juste à la sortie du bois, vers Malonne, nous voyons sur le côté gauche, un premier abri, c’est le BM10. À observer : une de ces bornes destinées à fixer les barrières Cointet, dont nous avons parlé plus haut.
Poursuivons le chemin de Wépion vers Haute-Fontaine. 400 mètres plus loin, à droite de la rue, juste avant le carrefour avec la rue du Coin, existait un deuxième fortin (le BM9), qui n’est plus visible, remblayé ou démoli.
Le premier apparaît rapidement sur notre gauche, au milieu d’un jardin privé que longe un sentier. C’est le BM6. Il a été construit, comme ses collègues malonnois, en 1934, selon le modèle standard avec une chambre de tir. Notez sa reconversion actuelle…
Rejoignant la rue de la Navinne, regardez bien à gauche. À une petite centaine de mètres, dans les champs, vous apercevez un bosquet. Celui-ci cache un bunker discret mais toujours vivant, le BM5. C’est un frère jumeau des BM 6 et 8, croisés tout à l’heure rue des Trois Fortins.
Gagnant la sortie du bois, nous voici au Crestia. Nous ne ferons que deviner la présence, dans l’ensemble de maisons et jardins en dessous de nous, d’un poste d’observation intitulé BM3 bis. Bien situé car dominant le fond de Malonne et la Sambre, il était essentiellement enterré ; seule sa cloche dépassait.
Nous entamons la fermeture de cette belle boucle, en regrimpant vers le fort de Malonne, imposant vestige qui justifia tout ce dispositif. Aujourd’hui, ce monument, avec ses lierres, ses lianes, des puissants chênes, nous fait penser à une jungle tropicale ; il faut se mettre en tête qu’il y a un siècle, tout était ici dénudé. Et bien moins silencieux et paisible. Ayons une pensée pour les hommes qui ont séjourné ici, dans les temps de paix incertaine, mais plus encore lors des deux attaques allemandes : quelle angoisse devait les travailler en permanence !
Le chemin de retour longe la tour d’aération dont nous avons mentionné la justification en début d’article. Une construction surprenante et bien conservée.
Et, quelques dizaines de mètres avant le terminus, voici ce petit blockhaus qui hébergeait le poste téléphonique C1. Notez, dans l’ouverture, les gonds qui soutenaient la porte blindée. Deux trous dans le mur latéral : l’un servait de prise d’air, l’autre de goulotte lance-grenades, efficace pour se débarrasser des intrus.
Jean-François Pacco
Franck VERNIER, Namur, ses bunkers et ses PC, Tome 1, La Position Fortifiée de Namur Sud. Éditions du patrimoine militaire.
Jacques VANDENBROUCKE, La Position Fortifiée de Namur (PFN) en mai 9140, Tome 1 : de 1918 au 10 mai 40. Édité par l’auteur.
Ces deux livres récents sont en vente à la Librairie du Vieux Quartier, 30, rue de la Croix, à Namur.