Le colombier de Floreffe
L’élégante et sympathique petite tour de brique et pierre calcaire au toit baroque donne tout son charme à l’étang et son parc, magnifiquement restaurés depuis peu. Ceux-ci forment une liaison apaisante entre le trafic de la chaussée Namur-Charleroi, l’ensemble monumental de l’abbaye, et le village.
L’étang est ancien. Il servait de vivier et de réservoir pour le moulin de l’abbaye de prémontrés. On le voit déjà sur le dessin d’Adrien de Montigny, en 1604, avec un édicule au milieu. Le colombier actuel remonte probablement à l’époque de l’abbé Charles de Severi (1641-1662). Il semble avoir conservé sa situation et sa silhouette jusqu’à la fin de l’Ancien Régime.
Sa possession était un signe de richesse et de pouvoir. Car ce droit était réservé aux seigneurs propriétaires d’au moins quinze hectares de terres labourables.
Son utilité était double : offrir une alimentation complémentaire pour le seigneur, mais surtout produire, au départ de la fiente des pigeons (la colombine) un engrais apprécié pour les cultures.
À la Révolution française, l’abbaye est vendue comme bien national. Rachetée par les anciens religieux, elle devient petit séminaire. Le colombier perd alors ses pigeons ; il est converti en remise, au milieu de son étang.
À la fin du 19e siècle, la surface de la pièce d’eau est réduite de moitié, afin de permettre l’aménagement d’un potager, pour le séminaire. Le petit bâtiment se retrouve sur la terre ferme. Il est agrandi, avec la construction d’une annexe, et subit diverses transformations. Il est aménagé en habitation, pour le jardinier de l’école. En 1939, on y ajoute une remise.
Vers 1970, la construction du contournement routier de Floreffe ampute la parcelle et altère son environnement. L’ancien colombier se dégrade peu à peu. Mis en vente à trois reprises dans les années 1990, il n’est plus habité, mais vandalisé. Un incendie ravage l’annexe. En 2002, la commune de Floreffe rachète le bâtiment et le site, afin de les sauver.
La restauration est entamée en 2009. L’assise de la tour est dégagée, les annexes récentes sont démolies et le batiment retrouve son aspect et son volume d’origine. Il se retrouve à nouveau les pieds dans l’eau, relié à la rive par une passerelle. La charpente, remise en état, a conservé une bonne partie de ses nichoirs. La salle intérieure n’est visitable qu’occasionnellement, par exemple pour les Journées du patrimoine.
A suivi le réaménagement complet de l’étang, du terrain devenu parc public apprécié des Floreffois et des touristes, ainsi que du mur d’enceinte.
Jean-François Pacco