L’affaire Calbalasse
Ce meurtre a tout du roman à succès : les jalousies et intrigues dans le milieu clos d’une communauté monastique, le climat de tension anticléricale de cette fin de 18esiècle qui sent la poudre, puis l’enquête bâclée, le suspect tout trouvé parce qu’il dérange, le vrai coupable qui se dénonce bien plus tard.
L’enquête fit porter les soupçons sur un villageois, Gaspard François, dit Calbalasse,cabaretier et tailleur, connu pour son franc-parler pour dénoncer le pouvoir des moines. Arrêté, torturé, celui-ci avoua puis se rétracta, mais fut quand même condamné à mort par la justice principautaire liégeoise. Ramené sous escorte à Malonne, il fut étranglé puis exposé sur la roue, sur la colline du Tombois, pour l’exemple, le 27 juillet 1788.
Quant à son instigateur, c’était un autre chanoine, Jean-François Sohier, qui avait été jaloux de voir Beaufays nommé à cette place de proviseur que lui-même convoitait. Comme seule sanction, Sohier fut interné, pendant six ans, chez les frères Alexiens, à Liège puis à Hasselt.
La colline du Tombois, où le malheureux Gaspard François fut supplicié, porte aujourd’hui son surnom.
Texte : Jean-François Pacco
Résumé :
La colline du Tombois a toujours été – son nom l’indique – lieu de sépulture. Mais ce fut aussi l’endroit choisi pour les supplices, les exécutions. L’appellation Tienne Calbalasse évoque l’un de ces châtiments publics, particulièrement dramatique puisque lié à une erreur judiciaire.
Car c’est ici que, le 27 juillet 1788, fut étranglé puis exposé sur la roue le cabaretier et tailleur Gaspard François, dit Calbalasse. On lui reprochait d’être le meurtrier du chanoine Joseph Beaufays, assassiné dans un couloir de l’abbaye Saint-Berthuin sept mois plus tôt. Le pauvre homme nia, mais fut quand même condamné à mort. Ce n’est que plusieurs années plus tard que la vérité apparut. Le vrai auteur du crime était le neveu de Calbalasse. Il avait agi à l’instigation d’un autre chanoine de l’abbaye, jaloux de la nomination de Beaufays comme proviseur.