La Ferme Blanche
La Ferme Blanche, aussi appelée Maison Blanche, montre son beau quadrilatère marqué par quatre tours carrées, au centre de la plaine alluviale bordant la Sambre, entre Malonne et Namur.
La première mention de cette appellation date du 13 mars 1612, dans un document parlant d’un héritage nommé « La Blanche Maison ». Le propriétaire est alors Jacques Gobin, bourgmestre de Namur. Au 17esiècle, c’est une ferme, restaurée en 1656 et transformée en résidence seigneuriale par un noble marchand d’origine écossaise, Pierre-Ferdinand de Hamilton. On y trouve déjà un corps de logis, une cour intérieure, des étables, des écuries, une grange, des jardins et vergers. En 1680, le chanoine Arnold-Bernard de Woot de Trixhe repend la seigneurie. Mais il est mal aimé et est à peine installé qu’une longue polémique l’oppose à la communauté villageoise à propos des droits d’usage dans les bois, la chasse, la pêche ; de Woot préfère alors s’en aller.
Une légende veut que Louis XIV y séjourne lors du siège de Namur en 1692. C’est toutefois inexact (c’est à Flawinne puis à Wépion que le Roi Soleil a pris ses quartiers), même si cette tradition vaudra qu’à la fin du XXe siècle on y exploitera un restaurant sous l’appellation « Le relais du Roy Louis ». Ce qui est plus vraisemblable est l’anecdote suivante : fuyant la ville de Namur assiégée, un groupe de femmes « de qualité » se réfugient à la Ferme Blanche, d’où elles gagnent, en carrosse et sous bonne escorte, l’abbaye de Malonne. Et tant en 1692 qu’en 1695, la ferme subit les épreuves des occupations militaires, comme elle a déjà précédemment dû le faire lors des multiples passages de troupes tout au long du 17e siècle.
En 1764, la Ferme Blanche est vendue aux chanoines de l’abbaye de Malonne, dont l’abbé est alors Michel de Bonvoisin. Ceux-ci la louent à divers fermiers.
Vendue comme bien national à la Révolution française, la Ferme Blanche est achetée par un Dinantais appelé Bouille, qui la revend à un tanneur, Baré. Ce dernier se fait anoblir, son nom devenant de Baré de Comogne. Par succession, le bien passe diverses familles : de Mercx, de Villers-Masbourg.
De 1903 à 1906, la ferme abrite des sœurs clarisses expulsées de France, le temps pour celles-ci de construire un nouveau couvent, sur la colline du Tombois. En 1918, elle est achetée, puis exploitée par la famille Goffaux. Le 10 avril 1944, elle échappe au bombardement de la gare de Ronet ; plusieurs trous de bombes sont encore visibles à proximité. En 1969, elle est transformée en restaurant et discothèque. Elle est aujourd’hui devenue restaurant chinois.
Texte : Jean-François Pacco